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Les amis et les protecteurs de Beethoven se dispersèrent ou moururent : le prince Kinsky en 1812, Lichnowsky en 1814, Lobkowitz en 1816. Rasumowsky, pour qui il avait écrit ses admirables quatuors, op. 59, donna son dernier concert en février 1815. En 1815, Beethoven se brouille avec Stephan von Breuning, son ami d’enfance, le frère d’Éléonore[1]. Il est désormais seul[2] : « Je n’ai point d’amis et je suis seul au monde », écrit-il dans ses notes de 1816.

La surdité était devenue complète[3]. Depuis

  1. La même année, Beethoven perdit son frère Carl : « Il tenait beaucoup à la vie, autant que je perdrais volontiers la mienne », écrivait-il à Antonia Brentano.
  2. À part sa touchante amitié avec la comtesse Maria von Erdödy, toujours souffrante comme lui, atteinte d'un mal incurable, et qui perdit subitement en 1816 son fils unique. Beethoven lui dédia, en 1819, ses deux trios, op. 70, et en 1815-1817, ses deux grandes sonates pour violoncelle, op. 102.
  3. En dehors de la surdité, sa santé empirait de jour en jour. Depuis octobre 1816, il était très malade d’un catarrhe inflammatoire. Pendant l’été de 1817, son médecin lui dit que c’était une maladie de poitrine. Dans l’hiver 1817-1818, il se tourmenta de cette soi-disant phtisie. Puis ce furent des rhumatismes aigus en 1820-1821, une jaunisse en 1821, une conjonctivite en 1823.