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alors, de concilier autant que possible son génie avec ce qui était généralement connu et aimé dans les formes transmises par ses prédécesseurs[1] ». Le même esprit conciliant, issu de l’amour, agissait sur ses manières et sur sa façon de vivre. Ignaz von Seyfried et Grillparzer disent qu’il est plein d’entrain, vif, joyeux, spirituel, courtois dans le monde, patient avec les importuns, vêtu de façon recherchée ; et il leur fait illusion, au point qu’ils ne s’aperçoivent pas de sa surdité, et disent qu’il est bien portant, sauf sa vue qui est faible[2]. C’est aussi l’idée que donne de lui un portrait d’une élégance romantique et un peu apprêtée, que peignit alors Maehler. Beethoven veut plaire, et il sait qu’il plaît. Le

  1. Nohl, Vie de Beethoven.
  2. Beethoven était myope, en effet. Ignaz von Seyfried dit que sa faiblesse de vue avait été causée par la petite vérole, et qu’elle l’obligeait, tout jeune, à porter des lunettes. La myopie devait contribuer au caractère égaré de ses yeux. Ses lettres de 1823-1824 contiennent des plaintes fréquentes au sujet de ses yeux, qui le font souffrir. — Voir les articles de Christian Kalischer : Beethovens Augens und Augenleiden (Die Musik, 15 mars-1er avril 1902).