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de la sonate op. 26), que le héros le plus digne de ses chants, celui qui plus que Bonaparte s’approcha du modèle de la Symphonie héroïque, Hoche, venait de mourir près du Rhin, que domine encore son monument funèbre, du haut d’une petite colline entre Coblentz et Bonn, — à Vienne même, il avait vu deux fois la Révolution victorieuse. Ce sont les officiers français qui assistent en novembre 1805, à la première de Fidelio. C’est le général Hulin, le vainqueur de la Bastille, qui s’installe chez Lobkowitz, l’ami et le protecteur de Beethoven, celui à qui sont dédiés l’Héroïque et l’Ut mineur. Et le 10 mai 1809, Napoléon couche à Schoenbrunn[1].

  1. La maison de Beethoven était sise près des fortifications de Vienne, que Napoléon fit sauter après la prise de la ville. « Quelle vie sauvage, que de ruines autour de moi ! — écrit Beethoven aux éditeurs Breitkopf et Haertel, le 26 juin 1809 ; — rien que tambours, trompettes, misères de toute sorte !
    Un portrait de Beethoven, à cette époque, nous a été laissé par un Français qui le vit à Vienne, en 1809 : le baron de Trémon, auditeur au Conseil d’État. Il fait une description pittoresque du désordre qui régnait dans l’appartement de Beethoven. Ils causèrent ensemble de philosophie, de religion, de politique, « et surtout de Shakespeare, son idole ». Beetnoven était assez disposé à suivre Trémont à Paris, où il savait que le Conservatoire exécutait déjà ses symphonies, et où il avait des admirateurs enthousiastes. — (Voir, dans le Mercure musical du 1er mai 1906, Une visite à Beethoven, par le baron de Trémont ; publié par J. Chantavoine.)