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souffrir la mort en vie, je sois à l’abri du besoin[1]. Cela me donnera la force de supporter mon lot, si dur et si terrible qu’il puisse être, avec résignation à la volonté du Très-Haut.

.. Votre ami,

L. v. Beethoven.
  1. Beethoven, près de manquer d’argent, s’était adressé à la Société philharmonique de Londres, et à Moscheles, alors en Angleterre, pour tâcher d’organiser un concert à son bénéfice. La Société eut la générosité de lui envoyer aussitôt cent livres sterling comme acompte. Il en fut ému jusqu’au fond du cœur. « C’était un spectacle déchirant, dit un ami, de le voir, au reçu de cette lettre, joignant les mains, et sanglotant de joie et de reconnaissance. » Dans l’émotion, la blessure de sa plaie se rouvrit. Il voulut encore dicter une lettre de remerciements aux « nobles Anglais, qui avaient pris part à son triste sort » ; il leur promettait une œuvre : sa Dixième Symphonie, une Ouverture, tout ce qu’ils voudraient. « Jamais encore, disait-il, je n’ai entrepris une œuvre avec autant d’amour, que je le ferai pour celle-ci. » Cette lettre est du 18 mars. Le 26 il était mort.