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pour qu’elle se réveille plus forte ensuite. J’espère encore mettre au monde quelques grandes œuvres ; et puis, comme un vieil enfant, je terminerai ma carrière terrestre parmi les braves gens[1].

… Parmi les marques d’honneur que j’ai reçues, et qui, je le sais, te feront plaisir, je t’annonce que j’ai reçu du roi de France défunt une médaille, avec l’inscription : Donnée par le Roi à monsieur Beethoven ; elle était accompagnée d’un écrit très obligeant du premier gentilhomme du Roi Duc de Châtres[2].

Mon ami bien cher, contente-toi de ceci pour aujourd’hui. Le souvenir du passé me saisit, et ce n’est pas sans d’abondantes larmes que je t’envoie cette lettre. Ceci n’est qu’un commencement ; bientôt tu recevras une nouvelle lettre ; et plus tu m’écriras, plus tu me feras plaisir. Cela n’a pas besoin de se demander,

  1. Beethoven ne se doutait pas qu’il écrivait alors sa dernière œuvre : le second finale de son quatuor op. 130. Il était chez son frère, à Gneixendorf, près de Krems, sur le Danube.
  2. Duc de la Châtre.