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ment, j’entends à peine ; oui, j’entends bien les sons, mais pas les mots ; et d’autre part, quand on crie, cela m’est intolérable. Ce qui en adviendra, le ciel le sait. Vering dit que cela s’améliorera certainement, si cela ne guérit pas tout à fait. — Bien souvent, j’ai maudit mon existence et le Créateur[1]. Plutarque m’a conduit à la résignation. Je veux, si toutefois cela est possible, je veux braver mon destin ; mais il y a des moments de ma vie où je suis la plus misérable créature de Dieu. — Je te supplie de ne rien dire de mon état à personne, même pas à Lorchen[2] ; je te le confie sous le sceau du secret. Il me serait agréable que tu écrives à ce sujet à Vering. Si mon état doit durer, je viendrai, le printemps prochain, auprès de toi ; tu me loueras, dans quelque beau pays, une maison de campagne, et je veux me refaire paysan pour six mois. Peut-être cela me

  1. Nohl, dans son édition des Lettres de Beethoven, a supprimé les mots : und den Schöpfer (et le Créateur).
  2. Éléonore.