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alors vers toi. Mais je dois rester à l’écart de tout ; mes plus belles années s’écouleront sans que j’aie accompli tout ce que mon talent et ma force m’auraient commandé. — Triste résignation, où je dois me réfugier ! Sans doute, je me suis proposé de me mettre au-dessus de tous ces maux ; mais comment cela me sera-t-il possible ? Oui, Amenda, si dans six mois mon mal n’est pas guéri, j’exige de toi que tu laisses tout, et que tu viennes auprès de moi ; alors je voyagerai (mon jeu et ma composition souffrent encore très peu de mon infirmité ; c’est seulement dans la société qu’elle est le plus sensible) ; tu seras mon compagnon : je suis convaincu que le bonheur ne me manquera pas ; avec quoi ne pourrais-je pas me mesurer maintenant ! Depuis que tu es parti, j’ai écrit de tout, jusqu’à des opéras et de la musique d’église. Oui, tu ne refuseras pas ; tu aideras ton ami à porter son mal, ses soucis. J’ai aussi beaucoup perfectionné mon jeu de pianiste, et j’espère que ce voyage pourra aussi te faire plaisir. Après, tu resteras