Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mieux que les paroles, ce rideau de feuillage qui masque la pensée. Pierre se laissait bercer par ce bourdonnement. Tel le chant d’une guêpe dorée, qui flotte dans le clair obscur de l’être. Ses jours s’engourdissaient dans sa langueur nouvelle. Le cœur solitaire et nu rêvait la chaleur du nid.

En ces premières semaines de février, Paris comptait ses ruines du dernier raid et léchait ses blessures. La presse, enfermée au chenil, aboyait aux représailles. Et, selon la parole de « l’Homme qui enchaînait », le pouvoir faisait la guerre aux Français. La saison des procès de trahison s’ouvrait. Le spectacle d’un misérable qui défendait sa tête, âprement réclamée par l’accusateur public, amusait le Tout-Paris, dont l’appétit de théâtre n’était pas rassasié par quatre an-