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continuer la phrase commencée. Leurs jambes étaient molles et marchaient à regret. Sous le soleil et le silence des bois, ils chancelaient. La terre les attirait. Se coucher sur la route. Se laisser emporter sur la jante de la grande roue des mondes…

Ils grimpèrent sur le talus de la route, entrèrent dans un taillis et, sur les feuilles mortes où pointaient les violettes, côte à côte, ils s’étendirent. Les premiers chants d’oiseaux et l’ébrouement lointain du canon se mêlaient aux cloches des villages qui annonçaient la fête du lendemain. L’air lumineux vibrait d’espoir, de foi, d’amour, de mort. Malgré la solitude, ils parlaient à mi-voix. Leur cœur était oppressé : de bonheur ? ou de peine ? Ils n’auraient su le dire. Ils étaient submergés par le rêve. Luce, immobile, al-