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Je crois que c’est également une erreur grave de tactique et de pensée, de donner à l’objection de conscience le caractère simplement négatif du refus de service. Elle n’aura tout son sens et sa force sociale que quand on y ajoutera le complément positif, indispensable, d’une volonté de servir la communauté, par des moyens plus humains, plus intelligents et plus élevés que par le service militaire, qui devient un non-sens absurde et meurtrier. Je voudrais qu’à l’exemple de ce qui est tenté dans d’autres pays, et particulièrement en Suisse, sous l’impulsion de Pierre Cérésole, les objecteurs étudiassent les formes d’un Service Civil national et international, absolument indépendant de la guerre, et apportant son aide à la communauté, dans les calamités sociales : épidémies, inondations, travaux d’assainissement, etc. Ma pensée est que chacun de nous doit un service social à la communauté humaine, et que ce service social, ce service pour la vie et pour le bien de tous, non pour la mort et pour la ruine, doit se substituer aux formes surannées et sanglantes de l’armée. — J’ai exprimé cette façon de voir, dans une lettre à Marianne Rauze, que celle-ci a publiée dans son volume : L’Anti-Guerre, en 1923.