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7. — LETTRE À REGINALD A. REYNOLDS,

Secrétaire général du « No More War Movement » Britannique[1].


Il est grand temps de sortir de l’idéologie stérile. La question ne se pose pas, dans le monde de l’action, entre la Non-Violence absolue et la Violence absolue, — mais entre le plus ou moins de violence exercée sur les faits et sur les hommes. Même le « Satyagraha » des Indes n’est pas exempt d’une violence latente, dont les effets ne sont pas moins redoutables que ceux d’un combat par les armes, car le grand Refus de tout un peuple fait la machine pneumatique : il pompe l’air qui fait vivre l’adversaire.

J’ajoute que ceux qui comme vous, Reginald A. Reynolds, connaissent de près Gandhi, ont pu suivre, lors des discussions qui se sont exprimées, dans « Young India », peu avant « la campagne du sel », l’évolution de la pensée agissante du Mahâtmâ. Il y a une dizaine d’années encore, il avait suspendu tout son mouvement, parce qu’à Chauri-Chaura s’étaient produits quelques actes de violence. Et, sur le point de déclencher sa nouvelle campagne, comme on lui faisait redouter qu’il ne se reproduisît un nouveau Chauri-Chaura, il passa outre, disant qu’il espérait, avec des troupes mieux organisées, éviter maintenant ces violences, mais que si celles-ci se produisaient, elles n’arrêteraient pas son action : car il avait

  1. 12 juillet 1933.