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6. — LETTRE À ANDRÉ BERTHET,
SUR LA NON-VIOLENCE ET LA RÉVOLUTION.


16 décembre 1933.

J’ai répondu, maintes fois, à des questions comme la vôtre, — notamment dans mon Adieu au Passé (de la Revue : Europe, 15 juin 1931), dans mes messages au Congrès international d’Amsterdam, en août 1932, et au Congrès national de la Ligue des Combattants de la Paix, l’année dernière. Il ne se passe guère de mois où je ne précise ma pensée, dans des articles de journaux ou dans des lettres à des amis. Je vous engage à lire les deux derniers volumes, qui viennent de paraître, de L’Âme Enchantée (l’Annonciatrice : deuxième partie, l’Enfantement), où l’évolution de mes deux héros, Marc et Annette Rivière, commente la mienne.

Je n’ai jamais conçu la « Non-Violence » que comme la plus intrépide des « Non-Acceptations » de l’esprit. J’oppose la mienne à toutes les forces menaçantes du Fascisme, qui sont suspendues actuellement sur le monde. Je n’admets point qu’on se retire du combat.

Ce combat, ce n’est point sur le terrain nationaliste que je le livre. J’ai dépassé, depuis longtemps, l’étape des nations ; et sur ce plan, il n’est point de solution, c’est la mêlée éternelle des orgueils de peuples, de races, ou de civilisations : elle n’aboutit qu’à la mutuelle destruction. C’est au-dessus de cette mêlée que je me suis tenu en 1914, et que je me tiendrai, jusqu’à la mort.

Le vrai combat, le seul qui soit fécond et nécessaire, c’est sur le plan international qu’il doit se livrer. Je participe à tous les efforts, à tous les espoirs, à toutes les souffrances de ceux qui travaillent à renverser le vieux monde capitaliste et impérialiste, avec son armature de