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2. Vous me demandez où « le prolétariat armé » trouvera les moyens de s’armer. C’est affaire à lui, et je n’ai pas à le chicaner sur les moyens. Si, pour ma part, je pratique le Refus Gandhiste, je n’ai pas à discuter l’organisation de la Révolte armée de mes amis les communistes. Je leur reconnais plein droit de s’organiser, selon leur tactique propre, en vue du grand combat général que nous sommes appelés à livrer contre toutes les forces unies de la Réaction armée.

3. Votre argument qu’une révolte armée serait « un romantisme d’insurrection », vouée à l’écrasement, est pernicieux. — En premier lieu, nul ne peut prophétiser les chances exactes d’une telle révolte ; et j’ai toutes raisons de penser aujourd’hui, d’après les renseignements recueillis, que si la social-démocratie et les communistes d’Allemagne, soit unis, soit même séparés, avaient pris l’initiative de l’action armée, le Hitlérisme eût eu beaucoup de mal à s’installer : car il était, en fait, dans l’ignorance presque complète des moyens d’action de ses adversaires ; — (et à l’heure qu’il est, la poignée de communistes, qui ont tenu, peuvent se dérober à ses recherches, et publier clandestinement leurs braves appels et leur Rote Fahne clandestine).

Mais il faut oser dire davantage : — Quand on prétend transformer un monde, on ne doit pas s’attendre à la victoire, du premier coup. Ce qui importe, c’est que le combat — victoire ou défaite — en impose aux adversaires et qu’il permette aux partisans de se compter, non seulement numériquement, mais, ce qui est beaucoup plus important, — moralement. Il est des défaites du prolétariat qui ont été des victoires : car elles ont été des étapes vers la victoire. Telles, la Commune de 1871 et la Révolution de 1905, sans lesquelles Octobre 1917