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d’abolir le système actuel de société et de gouvernement, qui est générateur des guerres ! En pratique, les révolutionnaires ont raison : une révolution sociale est nécessaire. Et cette révolution doit être internationale, ou ne pas être.

Ce n’est point à dire que le principe de Non-Violence doive être abandonné. Gandhi a démontré au monde que l’action révolutionnaire la plus efficace peut être celle de la Non-acceptation sans violence. Mais pour que son efficacité soit réelle et puissante, il faut qu’elle soit, comme dans l’Inde, une action collective et énergiquement organisée. L’Europe n’en est encore, sur cette voie, qu’à l’A B C. Mais il n’est jamais trop tard pour apprendre ! Que l’Internationale des Résistants à la Guerre s’organise « militairement ! » (Pourquoi craindrais-je d’employer ce mot ? Le plus grand des combats est celui de la Non-violence.)

Quant aux refus personnels de service, par des individualités isolées, je les honore et je les approuve ; et il va de soi que nous devons, tous, les aider et les appuyer, dans la mesure de nos moyens. Avec cette réserve que ces refus doivent être motivés par des raisons de conscience et d’humanité désintéressées, — non par des considérations d’égoïsme et de peur : car si le souci de la conservation personnelle est un sentiment naturel et ne saurait être blâmé, il est insuffisant à opposer aux motifs d’intérêts généraux et d’idéalisme — vrai ou faux — que ne manque pas d’invoquer l’Ordre social et violent d’aujourd’hui, au nom de la communauté.

Mais si je crois — si même je suis certain — que ces grands sacrifices individuels des Résistants à la guerre qui refusent le service aujourd’hui seront féconds et que de leur exemple sortira un nouvel évangile et une humanité