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publiées dans les journaux français et allemands[1]. Mais dans ces déclarations authentiquées, je lis, à la suite de l’article 7, que « le bolchévisme à l’Est est l’ennemi de tous les États civilisés ». Parmi tous les projets conçus par les partenaires de l’accord militaire, c’est le plus ferme, celui sur lequel l’organisateur Rechberg n’a jamais varié, et qui le rend si sympathique à nos bourgeois français : l’écrasement de la Russie des Soviets. On a publiquement désigné « l’ennemi commun » de l’ordre et de la paix européens. La « Pan-Europe » du bloc militaire et des Affaires franco-allemandes serait payée de cette première opération.

Et nous disons : « Halte-là ! » Nous qui avons, depuis quinze ans, affronté tous les outrages pour la cause de la paix et qui serions prêts à subir pour elle bien davantage, — nous cracherions sur cette paix, si on nous la vendait à ce prix d’ignominie et d’imbécillité ! Une Pan-Europe, sans la Russie, est ridicule. Contre la Russie, elle est scélérate.

À la vérité — (un homme averti en vaut deux) — ces plans de réaction éventés, nous devrions nous sentir plus forts et mieux gardés par nos partis républicains socialistes, qui représentent des masses profondes de la nation. — Mais je ne suis pas très rassuré ! Depuis dix ans, nos républicains, nos socialistes, nos hommes de gauche ont montré une telle pusillanimité, un tel manque de foi en leur pouvoir et leur devoir, qu’ils ont laissé

  1. Télégramme de M. Rechberg, publié dans La Lumière du 19 octobre 1929.