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Je résume l’enquête en quelques mots. À vous, lecteurs, de compléter !

Deux associations secrètes militaires allemandes : le Casque d’Acier (Stahlhelm) et le Jungdo (Jungdeutscher Orden). Toutes deux, stipendiées par les grosses industries du Reich : le Casque d’Acier, par l’industrie du fer et les industries chimiques ; le Jungdo, par celle de la potasse (les frères Rechberg). Entre elles, des luttes âpres et sourdes, à qui arrachera à l’autre la plus grosse part du gâteau. Rechberg (Arnold) a deux Idées fixes : la lutte à mort contre le bolchévisme, et l’alliance militaire avec la France. Le Jungdo, en 1925, adopte ses vues et ses crédits. En 1926 et 1927, des pactes franco-allemands de la potasse, du fer et des grandes industries chimiques préludent aux travaux d’approche pour l’élaboration de l’alliance militaire. Rechberg et les agents du Jungdo viennent à Paris et s’abouchent avec des leaders de la droite française, de hauts personnages militaires (le maréchal Foch, au dire de Rechberg), et des hommes de gouvernement (M. Reynaud). Au printemps dernier, ces tractations sont plus serrées et plus brûlantes, à Paris et à Berlin. Une entente de principe est établie, sur la base de certaines conditions que Rechberg a lui-même communiquées à la presse, et dont les pensées de derrière la tête ont été livrées indiscrètement par l’une des associations militaires allemandes, furieuse d’être évincée par l’autre. Il ne s’agirait de rien moins que d’un accord militaire allemand, dont le premier gage serait la création d’une armée franco-allemande de 800.000 hommes, avec un état-major mixte, ayant droit d’inspection sur tous les