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les serviteurs de cette idée de réconciliation active et reconstructrice.

Mais quand nous avons vu les organes même de notre presse nationaliste les plus criards, les plus grossièrement enracinés dans la haine de l’Allemagne et battant monnaie avec elle, changer du jour au lendemain, sans prendre la peine d’une transition, et recommander à leur public ahuri qui les suit, comme le veau suit le boucher, la coopération et l’amitié franco-allemande… nous avons eu un mouvement de recul : « Holà, holà !… Qui paie le demi-tour ?… »

Puis, nous avons vu fleurir toute une littérature politique de jeunes hommes très habiles à flairer l’air du temps. Ils célébraient, comme sur commande, l’Europe unie, tout en célébrant les maréchaux et Poincaré. Et je veux croire à leur sincérité. Ils sont, comme on l’est souvent à cet âge, tout à la fois naïfs et roués. Mais le malheur est que cette sincérité ne se manifeste que juste à l’heure où les pouvoirs publics l’encouragent. Quand il pleuvait, sur « l’Europe unie », des horions, ils restaient tous à la maison. — Ils ont raison, si la raison est le sens de l’opportunité. Et je les regarde comme de bonnes grenouilles-baromètres. Quand on les voit monter l’échelle, chacun peut s’aventurer dehors… La paix est sans danger, aujourd’hui.

Sans danger, pour ceux qui la portent à la boutonnière… Mais c’est précisément à cet instant qu’elle sent mauvais. Elle sent la mort.

Et comme je cherchais d’où vient l’infection, l’enquête de La Lumière nous a découvert la fosse — la fosse de la prochaine « Dernière guerre ».