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Voici trois ans qu’ils la fabriquent, et nous n’aurions rien su de leurs menées, sans les rivalités de ces brigands. Par leurs propres dénonciations, nous avons appris avec un sursaut les pourparlers qui avaient lieu entre des représentants qualifiés de nos partis nationalistes français et les magnats des grandes industries allemandes, flanquées de leurs condottieri de la Reichswehr noire. Une enquête menée sur place par notre ami Charles Reber et publiée dans l’hebdomadaire républicain La Lumière (12 octobre 1929) nous a livré les fils secrets du complot[1].

Maintenant s’éclairent bien des faits, qui étonnaient : le brusque changement dans l’atmosphère, le vent qui soudain avait sauté, de la vieille idole : « Droit ou Non-droit, ma Patrie ! » au nouveau culte qu’on nous instaure et qui nous sera demain officiellement imposé : l’Europe… (Mais quelle Europe ?…)

Certes, pour nous, il n’est pas nouveau. Nous étions Européens, quand il y avait du danger à l’être ; et nous sommes bien aises qu’à l’être aujourd’hui, pour d’autres, il y ait du profit. Nous nous sommes réjouis de voir la politique franco-allemande s’acheminer bon gré mal gré ; par la nécessité même des lois économiques, vers cette coopération des deux peuples que nous avions, dès avant la guerre et pendant, déclarée indispensable à leur mutuel développement et à leur durée. C’est pourquoi nous rendons hommage aux efforts persévérants des deux ministres clairvoyants, Stresemann et Briand, qui se sont faits

  1. Un second article du 26 octobre 1929, par Charles Reber, a montré les liens entre les organisations militaires secrètes de l’Allemagne et le tout-puissant Hugenberg, l’ancien directeur des établissements Krupp, « le roi sans couronne de la presse nationaliste ».