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et cela est frappant en ce qui concerne la question capitale de la paix et de la guerre. « Jusqu’à présent, dit mon auteur, tous les historiens ont été des historiens de guerre », des antipacifistes, des apologistes de la Patrie guerrière ; et de là vient que les efforts héroïques et géniaux de ceux qui, dès l’antiquité, tentèrent de museler la guerre, de fonder un régime d’arbitrage international et de Fédération des Peuples, ont été obstinément dénaturés et étouffés. Erreur ou crime initial, dont les conséquences ont été immenses : car l’antiquité classique n’a cessé d’être, jusqu’à ces derniers temps, l’arsenal où s’est approvisionnée la pensée de nos races d’Occident. Ceci n’est qu’un exemple. D’une façon générale, on peut dire que les vaincus, ou les indépendants, ont été systématiquement éliminés de l’histoire du monde et des exemples qu’elle offre à nos énergies.

On m’a reproché parfois d’être l’apologiste des vaincus. Non ! mais leur défenseur contre l’injuste force. La civilisation actuelle d’Europe et d’Amérique représente la victoire d’une fraction seulement des forces du monde ; et il est faux de prétendre que la suprématie matérielle de cette fraction soit nécessairement un signe de sa supériorité profonde. La seule victoire véritable et féconde serait l’union et la coopération consenties de toutes les forces de l’univers. C’est à quoi nous devons viser. Dans tous les ordres de choses, un libre et large enseignement doit travailler à la synthèse — synthèse des forces dispersées et trop souvent opposées, synthèse des nations et des pensées différentes. Une des conséquences essentielles de ce principe est la nécessité que s’établisse l’École unique internationale, où s’opère la jonction des divers courants humains, des aptitudes diverses, du travailleur manuel et de l’intellectuel, recevant, avant toute