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2o Les soulèvements inévitables des peuples asservis, l’indépendance armée des colonies.

Quelle sera votre attitude, votre ligne d’action, à leur égard ?

Vous pouvez préconiser telle ou telle tactique, celle de Gandhi : la Non-Acceptation non violente organisée, ou celle de Lénine, la Révolution avec toutes les exigences d’action qu’elle comporte pour substituer à l’état actuel de la société un État nouveau plus juste et plus humain. Mais il vous est interdit de vous dérober à la question. Elle s’imposera à vous, demain, dans le feu et les fumées sanglantes de l’action. Vous laisser prendre à l’improviste, sans avoir arrêté vos plans, serait vous condamner à la défaite — non pas glorieuse — mais abjecte des pacifistes de 1914, errants et aberrants sans direction. Fixez vos plans !

Je sais que ce ne peut être sans discussions orageuses, qui risquent de briser l’unité de votre mouvement. Car, pour parler franc, les volontés les plus contradictoires se trouvent actuellement associées sous l’étiquette commune de pacifisme. Je n’attache aucun prix à une pareille unité qui repose sur la confusion. Avant que les faits se chargent de la rompre, dans des conditions d’affolement qui seraient mortelles, je crois plus sain et plus honnête que les camps d’esprit différents s’affrontent, dans les discussions du congrès, et que s’opère, s’il le faut, mais loyalement, la scission. Des minorités qui savent clairement ce qu’elles veulent, ce qu’elles peuvent, et qui sont d’accord pour l’exécuter jusqu’au bout, sont beaucoup plus fortes que des majorités troubles qui n’ont jamais voulu faire franchement le jour dans leur chaos. Nous en avons eu trop d’exemples, dans la France pendant la guerre et dans l’Allemagne de ces derniers mois.