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représente exerce sur des pays conquis, sur des races asservies, une exploitation dégradante et meurtrière, si la communauté nationale dont nous faisons partie bénéficie de ces crimes, et si les exploités, si les peuples excédés se révoltent, leur conseillerons-nous notre « pacifisme » d’exploiteurs, l’acceptation patiente ? Ou que leur conseillerons-nous ? Dirons-nous : « C’est trop loin ! Occupons-nous de nous et que chacun fasse de même ! Chacun pour soi ! »

Je ne puis croire que ce soit là votre pensée, ou celle d’une majorité d’entre vous. S’il en était ainsi, je me séparerais sur-le-champ de la Ligue. Je ne puis pas admettre que la Ligue limite ses préoccupations au salut individuel, sous quelque forme qu’on le conçoive, soit sous les formes plus nobles de l’Objection de conscience morale ou religieuse, soit sous les formes plus basses du sauve-qui-peut égoïste. Je trouve naturel que ces préoccupations existent et qu’on en tienne compte. Mais si elles prétendaient être exclusives et se désintéresser du salut social, de la protection de la communauté humaine, elles seraient honteusement insuffisantes, et je les taxerais d’indignité.

Le pacifisme ne saurait, sans démoralisante abdication, être « placé au-dessus de tout », — au-dessus des luttes désespérées des exploités et des opprimés : il ne serait pas neutre, — il n’y a point de neutres en face de l’oppression. Ou l’on est contre elle, ou on est pour elle, on est complice. Il faut choisir. Il est trop facile de se proclamer « contre toutes les guerres ». Vous ne pouvez mettre dans le même sac les opprimés et les oppresseurs.

Je vous demande de dire nettement de quelle façon vous envisagez :

1o Les luttes fatales du prolétariat contre impérialistes et fascistes, la Révolution nécessaire ;