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d’y porter atteinte. J’estime, tout au contraire, que rien n’est intangible devant la raison et l’expérience, et que ces principes, qui n’ont jamais été sérieusement discutés par l’assemblée plénière, doivent être examinés par elle, à la lumière des faits que nous avons observés, pendant ces deux ans de la vie de la Ligue.

En ce qui me concerne, je ne trouve point que ces déclarations, que je viens de citer, abstraites et massives, tiennent assez de compte des nécessités et des devoirs de la réalité — nécessités et devoirs, aussi bien individuels que sociaux, aussi bien matériels que moraux.

Je pose, à titre d’exemples, quatre questions types :

1o Si la liberté individuelle, si la vie est menacée, instituez-vous le règne du pacifisme absolu, qui veut la non-résistance à la violence imposée, ou la résistance pure de l’esprit sans violence effective ?

2o Si, personnellement, ayant réussi à vous tenir à l’abri, vous voyez les populations de votre pays livrées aux horreurs d’une invasion, — ou, plus précisément, à la destruction probable de villes ou de régions par les flottes aériennes, — conseillerez-vous aux victimes, ou à ceux qui sont en danger de l’être, la même attitude de non-résistance et de pacifisme absolu ? Sinon, que leur conseillerez-vous ?

3o Si (et ce n’est plus une hypothèse) si une classe sociale, si un peuple ouvrier, sont broyés par la force sans scrupules et sans frein d’un coup d’État fasciste, comme en Italie, en Allemagne (et l’exemple s’étend), — conseillerez-vous aux écrasés, la tactique ou la morale des bras croisés ? Sinon, que leur conseillerez-vous ?

4o Si (et ceci n’est même plus un événement exceptionnel, mais un état de choses permanent, et nous en sommes tous complices) si le gouvernement qui nous