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qui sont ici : « Contre l’insolente, la meurtrière « liberté », que revendique ironiquement et que soutire à tous les États, contraints, forcés ou achetés, le commerce international des armes, — contre l’Internationale des gaz et des canons, les intellectuels ne peuvent rien, ils ne sont rien, s’ils n’en appellent au monde du travail, aux ouvriers des usines, des arsenaux et des chantiers, pour déclencher, à l’heure dite, le grand Refus, la grève générale et non point passive, mais active. Or c’est, en fait (inutile de se faire illusion !) le premier pas de la Révolte sociale. Il faudra bien en arriver là, si l’on ne se résigne à voir l’Europe asservie par les Comités de l’industrie lourde et des produits chimiques, les trusts de l’huile et de l’acier, qui font les guerres à volonté. Aucune action profonde et durable pour la paix entre les peuples n’est possible, tant que persiste un état social que domine le grand capital des industries et des banques. C’est tout l’état social qu’il faut changer.

Je sais les conséquences redoutables de cette constatation. Je ne vois pas les moyens d’y échapper. Il y a deux ans, en septembre-octobre 29, eut lieu à Lyon le Congrès international des membres de « la Réconciliation ». Vous savez à quel point cette élite spirituelle, profondément christianisée, affiliée aux organisations des « Amis » (des Friends), est éloignée de toute violence politique et sociale. Elle est le champion le plus convaincu des doctrines de la Non-Acceptation gandhiste. Dans ces journées de Lyon se trouvaient là des personnalités de premier plan, dont plusieurs sont des vôtres ici : Roger Baldwin, Henri de Man, André Philip, le prof. Siegmund-Schultze, de Berlin ; Marcel Auvert. Or, ils sont arrivés à des Déclarations d’une importance considérable dans l’histoire de la pensée chrétienne et sociale : car elles aboutissent à la