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7. — IL FAUT REVISER TOUT L’ORDRE SOCIAL[1].


J’apporte mon salut cordial à la Conférence libre du Désarmement, où je compte tant de vieux compagnons de combat pour la paix. — (Je lie étroitement ces deux mots : « paix » et « combat », car il s’agit d’un rude combat.) — Nous nous connaissons depuis trop longtemps pour avoir besoin d’échanger, une fois de plus, entre nous, des paroles de fervente et platonique protestation contre l’écrasant état de choses, fait de violence et de mensonge, sous lequel gît l’Europe fiévreuse et mutilée, rescapée de la dernière guerre. Nous avons assez de fois dénoncé l’hypocrisie de la paix non pas seulement armée, mais qui ne cesse d’accroître ses armements, la conspiration permanente contre le désarmement, qui a ses agents dans les rangs mêmes des gouvernements — allons plus loin ! — qui a ses agents dans cette pseudo-Société des Nations, dont la faiblesse lamentable et confinant à la trahison ne s’est jamais plus honteusement étalée que dans la périlleuse crise actuelle et dans le conflit sino-japonais.

Ce que nous devons rechercher ici, ce sont les moyens de lutter contre ces ennemis de la paix, dont les pires sont, pour chaque peuple, les ennemis non du dehors, mais du dedans. Et je m’excuse par avance si les conclu-

  1. Message du 23 avril 1932 à la Conférence libre du Désarmement, à Paris.