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6. — IL FAUT REVISER LES TRAITÉS.


II[1]


Je ne crois pas au succès de la Conférence du Désarmement. Je ne crois pas à la possibilité de ce succès. Je ne crois même pas que les États représentés à la Conférence désirent sérieusement ce succès. Leur seul objet, à la Conférence, est de ménager l’opinion des peuples, longtemps dupée, mais qui commence à s’éveiller ; ils vont leur jeter, une fois de plus, de la poudre d’idéalisme aux yeux.

Le désarmement n’est possible qu’entre puissances qui ont abdiqué leurs motifs de peur et de haine. A-t-on rien fait pour abolir ceux-ci ?

Croit-on qu’une Europe, dont les deux tiers ont signé, le genou du vainqueur sur la poitrine, des traités de contrainte brutale, qui les ont matériellement déchirés et moralement ulcérés, puisse désarmer sincèrement ? Elle ne le pourra jamais avant qu’une loyale révision des traités, faits d’un commun accord, ait cherché non seulement l’apaisement des rancunes et des souffrances, mais la réorganisation d’une Europe qui puisse vivre : car l’Europe qu’ont charcutée les vainqueurs, sur la table d’opération de Versailles et de Trianon, ne peut pas vivre.

  1. Réponse de janvier 1932 à l’enquête instituée sur le Désarmement, par L’Effort, journal d’action sociale ouvrière, à Lyon.