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veant consules ! » ne suffit plus, si les consuls trahissent ou sont devenus impuissants à veiller, que le peuple veille lui-même : « Caveant populi ! »

Ce n’est pas tout. Nous parlons beaucoup de désarmement et nous avons réussi à en faire pénétrer l’écho au fond des masses. Mais que ce ne soit pas seulement un écho, un bruit de mots ! Il ne suffit pas de répéter : « Paix ! Paix ! » On dirait des troupeaux qui bêlent. Leurs bêlements n’attendrissent pas le boucher… La paix n’est pas un thème à variations vocales. Elle doit être réalisée. Et pour être réalisée, il faut qu’elle soit réalisable.

Une paix basée sur le statu quo politique, économique et social de l’Europe et du monde présents est une cruelle illusion et un non-sens. L’état de choses instauré par les traités de victoire en 1919, et aggravé, depuis, par les aberrations des politiciens, est un état de violence et d’injustice permanent, qui ne peut matériellement se prolonger sans catastrophe : car, pour les deux tiers de l’Europe, il est une cause permanente de souffrances, une plaie béante qui s’envenime ; et l’infection gagnera nécessairement tout le reste du corps, toute l’Europe, le monde entier.

Je souscris aux paroles récentes du sénateur américain Borah, président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, recevant, au Capitole de Washington, les journalistes français et américains qui accompagnaient Pierre Laval :

« Le désarmement de l’Europe ne sera possible que dans la mesure où le statut territorial sera rendu équitable et conforme aux aspirations des peuples. »