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4. — LETTRE À GÉRARD DE LACAZE-DUTHIERS
SUR LE PACIFISME ET LA PAIX[1].


Mon cher Lacaze-Duthiers,

J’ai reçu une lettre de la Revue littéraire et artistique, me demandant de faire partie d’une « Union des intellectuels pacifistes ».

Je vous prie de m’excuser si j’ai résolu de ne plus faire partie d’aucune association idéologique. Toutes les expériences que j’en ai faites m’ont laissé seulement le regret d’y être entré. Car le confusionisme presque fatal de ceux qui y participent conduit très rapidement à des expressions ou à des actes en complet désaccord avec ma propre pensée.

Le « pacifisme » et la « paix » sont aujourd’hui des termes qui prêtent particulièrement à des équivoques. Nous voyons des partis et des hommes les plus suspects s’en emparer. Tout mot exige une définition précise. Il y en a, pour le mot « paix », autant que de paix différentes. Si « paix » signifie : « paix de Versailles », acceptation fructueuse par les Français de ses injustices, de ses crimes et de ses profits, je dis : « Je suis l’ennemi de cette paix ». — Si « paix » signifie : faire, ou laisser faire obstacle au progrès social, acheter les privilèges d’une classe bourgeoise intellectuelle par l’écrasement ou

  1. 15 janvier 1932.