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afin de s’harmoniser et de coopérer au grand œuvre commun : la maîtrise de la Nature par le genre humain.

Il faut choisir entre eux. Et le choix ne se satisfait point d’une décision des lèvres, d’une de ces sonores et redondantes professions de foi, comme s’en gargarisent les premiers ténors ou les basses profondes de notre Grand Opéra Politique, la « Société des Nations », où le chœur bien dressé répète : « Marchons ! Marchons ! » confortablement assis dans son : « J’y suis, j’y reste. Ah ! comme j’y suis donc bien !… »

Messieurs, il faut marcher. Il faut briser avec un passé, certainement vénérable, mais qui a fait suffisamment ses preuves de sa malfaisance et de son incapacité sanglante !

Je suis bien loin de dire qu’il faut aimer moins notre vieille patrie nationale. Je dis qu’on doit l’aimer plus, mais l’aimer mieux, — vouloir que sa puissance repose sur la justice, plutôt que sur la force, sur le respect moral plus que sur l’« Oderint dum metuant ! » (« Qu’ils haïssent, pourvu qu’ils craignent ! ») qui est restée la maxime secrète de tous nos gouvernements. Je demande qu’elle comprenne enfin ses véritables intérêts, qui ne sont point de léser ceux des autres peuples de la terre, en accroissant sans cesse ses conquêtes, mais plutôt, de les restreindre, en sachant se limiter solidement à ce qui est son droit vrai et vital, et en accordant celui-ci avec le droit des autres, grands et petits, afin d’établir ensemble une stable harmonie.

Je dis que le verbe nouveau, l’impératif catégorique des temps qui viennent, qui sont venus, est : Coopération. Coopération entière, sans compromis, avec les autres nations. Coopération loyale et franche, entre toutes les races non seulement d’Europe, mais d’Asie et du reste du monde, avec tous ces peuples que nous avons conquis, et