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3. — LA VOLONTÉ DE PAIX.

(Message à « la Volonté de Paix »[1].)


Mes amis,

Je prends part à votre commémoration. J’associe ma volonté à votre volonté de Paix. Vous voulez la Paix. Nous voulons la paix. Ils veulent tous la paix, à présent !… Jusqu’à ce bon M. Coolidge et à ses partenaires… Quel succès !… Mais je suis un peu inquiet. Est-ce que nous voulons tous la même paix ?

Permettez à un vieil ami de la paix, qui l’a été pendant la guerre, et qui, depuis qu’il observe les hommes et la politique, a appris, non sans risques, à savoir ce que valent les mots et les choses, de vous faire part de certaines de ses expériences !…

Ce n’est pas tout de vouloir la paix. Il faut vouloir aussi les conditions de cette paix. Et d’abord, il faut les connaître.

De quelle paix s’agit-il ? Est-ce de cette paix, fille des batailles, que les généraux d’un pays vainqueur établissent sur les autres pays, après les avoir vaincus, foulés aux pieds et dépouillés ? Est-ce de celle qui, depuis des siècles, constamment défaite, refaite, et redéfaite, a mis dans les mains de deux ou trois États d’à présent un bon tiers

  1. Publié dans le journal de Madeleine Vernet, La Volonté de Paix, no 5, octobre-novembre 1928.