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tique n’est pas inférieur à celui de nos grands mystiques Européens, organisateurs d’Ordres et dominateurs d’âmes, donne des règles minutieuses pour canaliser le torrent des manifestations populaires.

« Notre faute grave, dit-il, est d’avoir négligé la musique. La musique signifie le rythme et l’ordre. Malheureusement, elle est restée dans l’Inde l’apanage d’un petit nombre. Elle n’a jamais été nationalisée… Il faudrait faire chanter par des groupes des chants nationaux. Que de grands musiciens assistent à tous les Congrès et enseignent la musique de masses ! Rien de plus facile que de dresser la populace qui n’a pas de volonté suivie… »

Suit une liste de prescriptions :

1° Ne pas accepter, dans les grandes manifestations, de volontaires novices. Placer en tête les plus éprouvés ; 2° remettre à chaque volontaire un livret général d’instructions ; 3° convenir de sifflets d’appel entre volontaires ; 4° imposer à la foule l’obéissance aux volontaires, sans discussion ; 5° fixer les cris nationaux et les moments précis où ils doivent être poussés ; ne tolérer aucune infraction à la règle ; 6° obliger la foule à faire la haie sur les routes, de façon à ne pas bloquer le passage des voitures ; lui interdire l’entrée des gares ; ne pas permettre qu’elle amène de petits enfants dans les attroupements… etc.

Bref, Gandhi se fait le chef d’orchestre de ces océans d’hommes.