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oppose toute la force de l’âme à la volonté du tyran. Un seul homme peut ainsi défier un empire et provoquer sa chute… »

Mais à quel prix ? Sa souffrance. Souffrance, la grande loi

« L’insigne de la tribu humaine…[1]. La condition indispensable de l’être. La vie sort de la mort. Pour que le blé pousse, il faut que la semence périsse. Nul ne s’est jamais élevé sans avoir passé par le feu de la souffrance… Nul ne peut y échapper… Le progrès ne consiste qu’à purifier la souffrance, en évitant de faire souffrir… Plus pure est la souffrance (personnelle), plus grand le progrès…[2]. Non-violence est souffrance consciente… Je me suis permis de présenter à l’Inde l’antique loi du sacrifice de soi, la loi de Souffrance. Les Rishis qui découvrirent la loi de Non-violence, au milieu des pires violences, étaient de plus grands génies que Newton, de plus grands guerriers que Wellington : ils ont réalisé l’inutilité des armes, qu’ils avaient connues… La religion de la Non-violence n’est pas seulement pour les saints, elle est pour le commun des hommes. C’est la loi de notre espèce, comme la violence est la loi de la brute. L’esprit dort dans la brute. La dignité de l’homme veut une loi plus haute : la force de l’esprit… Je veux que l’Inde pratique cette loi, je veux qu’elle ait conscience de son pouvoir. Elle a une âme qui ne peut pas périr. Cette âme peut défier toutes les forces matérielles du monde entier[3]. »

  1. 9 mars 1920.
  2. 16 juin 1920.
  3. 11 août 1920.