sa durée, et son âme abyssale. Entre ce peuple et Gandhi, dès les premiers contacts, il s’est fait un accord, ils se comprennent sans parler ; Gandhi sait ce qu’il en peut attendre, et ce peuple attend ce que Gandhi va lui demander.
Entre les deux, d’abord, cette convention formelle : le Swarâj[1], le Home Rule de l’Inde.
« Je sais, écrit Gandhi, que le Swarâj est le but de la nation, et non la Non-violence… »
Et il va jusqu’à ajouter cette parole, stupéfiante dans sa bouche :
« J’aimerais mieux voir l’Inde libre par la violence qu’esclave enchaînée à la violence des dominateurs. »
Mais, rectifie-t-il aussitôt, c’est supposer l’impossible : car la violence ne peut délivrer l’Inde ; le Swarâj ne peut être atteint sans les forces de l’âme, qui sont l’arme propre de l’Inde, l’arme d’amour, la force de vérité, — le Satyâgraha[2]. Et le coup de génie de