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qu’il a traduit Ruskin[1] et Platon[2], qu’il s’appuie sur Thoreau, admire Mazzini, lit Edward Carpenter, et que sa pensée est imprégnée de celles d’Europe et d’Amérique. Il n’y a point de raison pour qu’un Européen se trouve davantage étranger à la sienne, s’il veut prendre la peine de s’en approcher. Alors, il reconnaîtra le sens profond de ces articles du Credo, dont la lettre l’étonne. Deux surtout paraissent établir une barrière infranchissable entre l’esprit religieux de l’Inde et celui de l’Europe : le culte de la vache, et le système des castes[3]. Mais voyons ce qu’ils signifient, au regard de Gandhi :

Certes, ce ne sont pas pour lui des articles secondaires, dans l’ensemble de la doctrine. La protection de la vache est la caractéristique de l’Hindouisme. Gandhi y voit même

  1. Il aimait surtout de Ruskin le livre : Crown of Wild Olive (La Couronne d’olivier sauvage).
  2. L’Apologie et la Mort de Socrate, traduite par Gandhi, fut parmi les livres prohibés par le gouvernement de l’Inde, en 1919.
  3. Il n’y a pas lieu de s’arrêter au culte des idoles. « Je n’ai pas de vénération pour elles, écrit Gandhi. Mais cela fait partie de la nature humaine. » Il le considère comme un besoin respectable, inhérent à l’infirmité de l’esprit humain, qui a parfois besoin de matérialiser sa croyance, pour mieux l’adorer. Ce n’est donc rien de plus que ce que nous voyons dans toutes nos églises catholiques.