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gagna sa cause, en droit, sinon en fait, devant l’opinion de Natal et de Londres. Il fait signer d’énormes pétitions, suscite le Congrès indien de Natal, forme une Association d’éducation indienne ; un peu plus tard, il fonde un journal, Indian Opinion, publié en anglais et en trois langues indiennes. Puis, voulant assurer à ses compatriotes un régime honorable en Afrique, afin de mieux les défendre, il se rend pareil à eux. Il avait à Johannesburg une clientèle lucrative[1] : il l’abandonna pour épouser, comme François, la Pauvreté. Avec les Indiens misérables et persécutés, il fait vie commune ; il partage leurs épreuves, et il les sanctifie : car il leur impose la loi de Non-Résistance. Il crée, en 1904, à Phœnix, près de Durban, une colonie agricole, sur les plans de Tolstoy, qu’il admirait[2]. Il y rassemble les Indiens, leur fournit des terrains, et leur fait prendre le vœu solennel de pauvreté. Lui-même se

  1. Il gagnait, dit Gokhale, 5 à 6.000 livres par an. Dorénavant, il vécut de trois livres par mois.
  2. The Golden Number of Indian Opinion, publié à Phœnix, en 1914, reproduit une longue lettre de Tolstoy à Gandhi, écrite le 7 septembre 1910, peu avant sa mort. Tolstoy avait lu l’Indian Opinion, et il se réjouissait de ce qu’il y avait appris des non-résistants Indiens. Il encourage le mouvement et dit