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il fut — il crut être — pendant quelque temps un athée. Avec des camarades, il alla, dans son impiété, jusqu’à manger de la viande en cachette (le plus affreux des sacrilèges, pour un Hindou !) Il en faillit mourir d’horreur et de dégoût[1].

Marié encore enfant[2], il alla, à dix-neuf ans, compléter ses études en Angleterre, à l’Université de Londres et à l’École de Droit. Sa mère ne consentit à le laisser partir qu’après lui avoir fait prendre les trois vœux Jaïns qui obligent à l’abstention du vin, de la viande et des relations sexuelles.

Il arriva à Londres, en septembre 1888. Après les premiers mois d’incertitude et de déceptions — il avait gaspillé naïvement beaucoup de temps et d’argent, pour devenir, dit-il, un gentleman anglais, — il s’astreignit à une vie stricte et à un travail sévère. Des

  1. Plus tard, il fit part de ses transes à Joseph J. Doke. Il en perdit le sommeil ; il se croyait un meurtrier.
  2. Fiancé à huit ans, marié à douze ans. Par la suite, il combattit les mariages d’enfants, où il voit une cause de ruine pour la race. Cependant, il ajoute qu’exceptionnellement une telle union pour la vie, commencée avant que le caractère soit formé, peut produire entre les époux une merveilleuse unité d’âme. Son propre mariage en a été un exemple admirable. Mme Gandhi a partagé toutes les épreuves de son mari, avec une fidélité et un courage qui ne se sont jamais démentis.