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voient pas au delà du règne du Swarâj dans l’Inde. Et je pense que, d’ailleurs, cet idéal politique sera promptement atteint. L’Europe, saignée par les guerres et les révolutions, appauvrie et lassée, dépouillée de son prestige, aux yeux de l’Asie qu’elle opprimait, ne sera plus longtemps de taille à tenir tête, sur le sol de l’Asie, aux peuples réveillés de l’Islam, de l’Inde, de la Chine et du Japon.

Mais ce serait peu de chose que quelques nations de plus, — si riches que puissent être les neuves harmonies, dont elles enrichiront la symphonie humaine, — ce serait peu de chose, si ces forces de l’Asie n’étaient le véhicule d’une nouvelle raison de vivre, de mourir, et (ce qui compte le plus !) d’agir pour toute l’humanité, si elles n’apportaient à l’Europe épuisée un nouveau viatique.

Le monde est balayé par le vent de la violence. Cet orage qui brûle les moissons de notre civilisation n’avait rien d’imprévu. Des siècles de brutal orgueil national, exalté par l’idéologie idolâtrique de la Révolution, propagé par le mimétisme aveugle des démocraties, — et, pour couronnement, un siècle d’industrialisme inhumain et de gloutonne