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en actes, ni en paroles, et d’atteindre le Guru-Ka-Bagh, ou d’être rapportés sans connaissance. De l’autre groupe de mille, vingt-cinq Akalis prononçaient le même vœu. Non loin du sanctuaire, la police britannique les attendait sur un pont, avec de longues perches au bout ferré. Et quotidiennement, se déroulait une scène hallucinante, que nous retrace un récit inoubliable d’Andrews[1], ami de Tagore et professeur à Santiniketan. Les Akalis, en turban noir orné d’une petite guirlande de fleurs blanches, arrivent en face de la bande de police, et s’arrêtent à un mètre, silencieux, immobiles et priant. Les policiers les frappent violemment de leurs longs bâtons. Les Sikhs roulent à terre, se relèvent s’ils peuvent, recommencent, sont de nouveau frappés, quelquefois piétinés jusqu’à perte de connaissance. Andrews n’entend pas un cri, ne remarque pas un regard de défi. Autour, à quelque distance, une centaine de spectateurs, le visage tendu d’angoisse, prient silencieusement, avec une expression d’adoration et de souffrance.

  1. The Akali Struggle, paru dans le Swarâjya de Madras et publié séparément, à la date du 12 septembre 1922.