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personne n’en sera plus heureux que moi… »

Gandhi n’est pas en reste d’accortise. Il regarde comme le plus fier honneur de voir son nom associé à celui de Tilak. La sentence est la plus légère qu’un juge puisse lui infliger ; et pour tout son procès, il ne pouvait attendre plus d’égards[1].

Le procès était terminé. Les amis de Gandhi tombèrent à ses pieds, en sanglotant. Le Mahâtmâ souriant prit congé d’eux. Et la porte de la prison de Sabarmati se referma sur lui[2].


  1. Le gérant Banker, qui, pendant le procès, avait suivi religieusement l’exemple du Mahâtmâ et acquiescé à toutes ses paroles, fut condamné à un an de prison avec amende.
  2. Mme Kasturibai Gandhi annonça la sentence aux hommes et aux femmes de l’Inde, en un message très digne, qui les invite à se concentrer, dans le calme, sur le programme constructif de Gandhi.

    Gandhi ne fut point laissé dans la prison de Sabarmati, où il était bien traité. On le transféra dans un lieu secret, puis à Yeravda, près Poona. Un récit de N. S. Hardiker : Gandhi en prison (Unity, 18 mal 1922), assure qu’il fut mis au régime cellulaire de droit commun, sans aucun privilège, et que sa santé délicate en souffrit. Mais nous savons qu’à présent, le régime est redevenu plus humain. Il est permis à Gandhi de lire et d’écrire.

    D’après ce que m’a dit C.-F. Andrews, le Mahâtmâ est heureux en prison ; il a demandé à ses amis de ne pas venir le voir et de respecter sa solitude ; il se purifie, il prie et il est convaincu que son action est ainsi la plus efficace, pour la cause de l’Inde. — En fait, C.-F. Andrews assure que le parti gandhiste a beaucoup gagné à cet emprisonnement. L’Inde croit en Gandhi, avec plus de ferveur que jamais ; elle persiste à voir en lui une incarnation de Shri-Krishna, qui, d’après la légende, subit victorieusement, l’épreuve de la prison. Et Gandhi emprisonné a, plus sûrement que libre, empêché l’explosion de la violence dont il sentait le danger.