repris la maîtrise sereine de son âme. Il acceptait tout ce qui s’était passé, tout ce qui se passerait encore, comme une nécessité, qu’il pouvait regretter, mais qu’il devait porter. — Il se déclara d’accord avec l’avocat-général. Oui, il était responsable ! Il l’était entièrement. Il prêchait la désaffection, depuis bien plus longtemps que ne disait l’accusation. C’était chez lui une passion. Il prenait sur lui tout le blâme des troubles de Madras, des « crimes diaboliques » de Chauri-Chaura et des « outrages insensés » de Bombay…
« L’avocat général a raison quand il dit que, comme homme responsable, ayant reçu une bonne part d’éducation, ayant récolté une bonne part d’expérience de ce monde, j’aurais dû savoir les conséquences de mes actes. Je savais que je jouais avec le feu. J’en ai couru le risque ; et si j’étais mis en liberté, je recommencerais. J’y ai mûrement réfléchi, ces nuits dernières. J’ai senti ce matin que je n’aurais pas fait mon devoir, si je ne disais pas ce que je dis à présent. Je tenais et je tiens à éviter la violence. La Non-violence est le premier article de ma foi et le dernier. Mais j’avais à choisir : — ou bien me soumettre à un système politique que je considère comme ayant fait un mal irréparable à mon pays, — ou bien courir le risque que se déchaîne la fureur insensée de mon peuple, quand il apprendrait de mes lèvres la vérité. Je sais que mon peuple quelquefois devient fou. J’en