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recueillement, au milieu des disciples aimés, l’arrivée de ceux qui allaient l’arrêter. Il aspirait à la prison. En son absence, la foi de l’Inde s’en manifesterait mieux. « Et lui, il trouverait un repos, que peut-être il méritait[1]… »

Le soir du 10 mars, peu après la prière, les hommes de police arrivèrent. L’Ashram était averti de leur venue. Le Mahatma se remit dans leurs mains. Sur le chemin de la prison, il rencontra Maulana Hasrat Mohani, son ami mahométan, qui de loin était accouru, juste à temps pour l’embrasser. Il fut conduit à la geôle, avec le publisher[2] de Young India, Banker. Sa femme eut permission de l’accompagner jusqu’au seuil.

Le samedi 18 mars, à midi, s’ouvrit le « grand procès[3] », devant le juge de district et sessions d’Ahmedabad. Il fut d’une rare noblesse. Le juge et l’accusé firent assaut de courtoisie chevaleresque. Jamais l’Angleterre ne s’éleva, dans la lutte, à une plus magnanime impartialité. Le juge, C. N. Broomsfield, racheta en ce jour bien des fautes du

  1. 9 mars 1922.
  2. C’est-à-dire l’imprimeur-éditeur.
  3. The Great Trial, 23 mars 1922, Young India.