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Mais le blâme de Tagore porte au delà du fanatisme des foules. Par-dessus les masses d’hommes ivres d’obéissance, il atteint le Mahâtmâ. Si grand que soit Gandhi, l’autorité qu’il assume ne dépasse-t-elle pas les forces d’un seul homme ? Une cause comme celle de l’Inde ne peut être remise aux mains d’un maître. Le Mahâtmâ est le Maître de la vérité et de l’amour. Et certes, « la verge d’or qui peut éveiller notre pays à la vérité et à l’amour n’est pas de ces objets qui puissent être fabriqués par l’orfèvre d’à côté… Mais la science et l’art d’édifier le Swarâj (Home Rule) est un vaste sujet. Ses sentiers sont difficiles et demandent du temps. Pour une tâche pareille, l’élan et l’émotion sont indispensables, mais non moins l’étude et la pensée. Pour elle, l’économiste doit méditer, l’ouvrier œuvrer, l’éducateur enseigner, l’homme d’État s’ingénier. En un mot, la force morale du pays doit s’exercer dans toutes les directions. Il faut conserver partout l’esprit de recherche, intact et sans entraves. L’intelligence ne doit pas être rendue timide, par une pression ouverte ou cachée. »