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la foi et de la charité, qui veut être le levain d’une nouvelle humanité. De l’autre, celui de l’intelligence, libre, vaste et sereine, qui embrasse l’ensemble de toutes les existences.

Tagore a toujours reconnu la sainteté de Gandhi ; et je l’ai entendu m’en parler avec vénération : comme j’évoquais, au sujet du Mahatma, la figure de Tolstoï, Tagore montrait combien Gandhi lui était plus proche et lui semblait plus vêtu de lumière — (et j’en juge de même, aujourd’hui que je le connais mieux), — car tout chez Gandhi est nature, simple, modeste et pure ; et la sérénité enveloppe ses combats. Au lieu que chez Tolstoï, tout est révolte orgueilleuse contre l’orgueil, colère contre la colère, passion contre les passions, tout est violence, jusqu’à la non-violence… Tagore écrivait de Londres, le 10 avril 1921 : « Nous sommes reconnaissants à Gandhi de donner à l’Inde l’occasion de prouver que sa foi à l’esprit divin dans l’homme est encore vivante. » Et malgré les réserves qu’il formulait déjà sur le mouvement de Gandhi, quand il quitta la France pour son voyage de retour, il était disposé