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LES PRÉCURSEURS

l’invite à l’union avec les autres peuples. Sur un ton d’évangéliste illuminé, il lui rappelle sa vraie destinée, sa mission spirituelle, mille fois plus importante que toutes les vaines conquêtes. À tous les peuples d’Europe, il montre le devoir actuel et la tâche pressante : l’unité de l’Europe et l’organisation du monde…

« Et maintenant, mes compagnons, venez !… Je suis libre de tout, dans le monde, libre de tout État (staatenlos), ein deutscher Weltbürger J’ai la paix ! (Ich habe Frieden !)… Venez ! Et proclamez ce que déjà vous savez et sentez !… Nous ne voulons pas faire la paix, nous voulons simplement reconnaître que nous l’avons… »

Et, réitérant son cri d’octobre 1914, cet Aufruf an die Europäer,[1] qu’avec lui ses amis A. Einstein, Wilhelm Foerster, et l’écrivain Otto Buek, opposèrent aux paroles de démence des 93, il reprend cet acte de foi en la conscience de l’Europe, une et fraternelle, et il lance son appel à tous les esprits libres, à ceux que Gœthe nommait déjà : « Ihr, gute Europäer »


20 Octobre 1918.


(Wissen und Leben, Zurich, novembre 1918.)
  1. Cet Aufruf an die Europäer, est reproduit, dans le premier numéro de Das werdende Europa, à la suite de l’article que j’analyse ; et Nicolaï fait appel à ses lecteurs, pour qu’ils y envoient leur adhésion et leur signature.