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LES PRÉCURSEURS

blicain. Depuis onze mois, Jérusalem est assiégée. Aucun secours ne vient. Que faire ? Tous s’accordent pour tenir. Seul, Nachum est sombre : il n’y a plus de provisions que pour trois semaines. Zedekia demande ce qu’ils penseraient de l’ouverture de négociations avec Nabukadnézar. Ils s’y opposent, sauf Imri et Nachum. Le roi dit qu’un envoyé de Nabukadnézar est déjà venu. On le fait appeler. C’est Baruch. Il énonce les propositions des Chaldéens : Nabukadnézar, admirant la résistance des Juifs, consent à leur laisser la vie, s’ils ouvrent leurs portes ; il ne veut que l’humiliation de Zedekia, qui fut roi par sa grâce et qui doit, par sa grâce, le redevenir, après avoir expié. Que Zedekia se courbe devant lui, aille au devant du vainqueur, le joug au cou et la couronne en main ! Zedekia s’indigne, et Abimélech le soutient. Les autres, qui se trouvent quittes à bon compte, lui montrent la grandeur du sacrifice. Zedekia, accablé, consent, en abandonnant la couronne à son fils. — Mais Nabukadnézar a d’autres exigences : il veut voir Celui qui est le Maître d’Israël ; il veut entrer dans le Temple. Pashur et Hananja se révoltent contre cette prétention sacrilège. On vote ; et par suite de l’abstention d’Abimelech, qui est fait, dit-il, pour agir et non pour délibérer, les voix se partagent également, pour et contre. Celle du roi doit trancher. Il demande qu’on le laisse seul, pour méditer. Il serait près de consentir aux conditions des Chaldéens, quand Baruch lui avoue que c’est sous l’inspiration de Jérémie qu’il est allé supplier Nabukadnézar, en faveur de la paix. Zedekia sursaute de colère, à ce nom qu’il voulait étouffer. Jérémie a beau être emprisonné, sa pensée continue d’agir et de crier : « Paix ! ». L’orgueil exaspéré du roi se refuse à céder devant l’ascendant du prophète. Il renvoie Baruch aux Chaldéens, avec une réponse insultante. Mais à peine Baruch est-il parti, que Zedekia le regrette. En vain