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À l’étage au-dessous, sur le palier, ses jambes fléchirent, elle s’adossa contre le mur ; et dans l’ombre, elle pleura. Elle pleura, comme un ruisseau. Elle eût voulut remonter et lui dire, elle se disait :

— « C’est un crime !… Ce que nous faisons, ce que tu fais… Est-ce qu’une sottise, est-ce qu’une saleté est une raison, pour que nous détruisions notre vie ?… »

Elle ne voulait pas convenir qu’il eût le droit de la chasser…

— « M’aime-t-il si peu ?… »

Elle ne disait pas : « Il m’aime trop !… » Elle reconnaissait bien son offense, mais elle ne reconnaissait pas que, dans la balance, son offense pesât plus lourd que tout l’amour. C’était pour elle si peu de chose ! Et le pire outrage, il lui semblait que c’était à elle qu’elle l’avait fait, non pas à lui ; s’il y avait une trahison, c’était elle-même et non pas lui, qu’elle avait trahie. Cette surprise de ses sens, cette infâme éclipse de sa volonté… Ah ! s’il eût vu, en ce moment, le torrent d’amour qui se ruait vers lui ! Elle l’aimait bien davantage, à présent !… À présent qu’elle l’avait vu souffrir… À présent qu’il souffrait par ses mains… Ses mains… Elle ressentit la douleur cuisante des mains de Marc sur son cou… Elle aurait voulu les baiser… Elle remonta