— « Maman !… »
Aimés ! Ô vous qui restez derrière nous !…
— Ils ne restent pas derrière nous, ils sont devant. C’est sur leurs échelons, au-dessus du mien, que le Fouleur qui monte passera. Nous qui sommes devenus son sillage, nous passerons aussi sur nos aimés, nous prendrons part à leurs derniers combats, nous les aiderons de notre étreinte mêlée à celle qui les broie. Comme nos aimés, morts avant nous, nous ont rejoints, nous ont étreints, dans notre mort. Nous faisons route ensemble. Même Rivière…
— « Adieu, Annette !… Et maintenant, j’ai compris. Nunc dimittis… »
Elle soupira. Assia, jetée sur sa bouche, y aspirait sauvagement son dernier souffle. Mais elle ne tenait plus que l’étoffe. L’Âme Enchantée avait fusé, — jet de semence dans le sillon que creuse la Mort, vers le trou du ciel, au haut du mont — la grande écluse par où s’écoule la Voie Lactée, collier des nuits, serpent des mondes, qui déroule dans la prairie de l’Infini ses anneaux d’Être…