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Elle promettait ce qu’il n’est au pouvoir d’aucun de tenir. La dernière heure n’a point de compagnon. Annette cheminait seule la fin de sa route. Elle était enveloppée, comme les dieux dans les combats de l’Iliade, d’une brûlante muraille de fumées. Ceux qui se penchaient sur son corps couché, ne la voyaient pas, ils ne voyaient que la muraille, derrière laquelle elle cheminait. De loin en loin, l’épaisseur d’ouate s’amincissait ; il se faisait une trouée ; Annette apercevait, par la fente, les objets… Tout, autour d’elle, était objet… La voix de ce garçonnet, qu’elle ne voyait pas, (mais il était ici, tout près de sa tête, elle n’aurait eu qu’à la tourner, elle n’essayait pas…) n’éveillait plus en elle une émotion… Il est, il est. C’est un objet… La trouée de fumée se referme. On entend encore la voix, au travers… Comme il est loin ! Comme tout ce qui vit est déjà loin !…

Elle projetait le brasier du dedans de son corps dans le dehors. Les préoccupations de son esprit, aux jours d’avant, s’objectivaient, avec les phénomènes de la fièvre qui, sur-le-champ, interprétés dans le sens du rêve que l’imagination composait, prenaient leur place sur la scène… Elle se croyait revenue dans son