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Elle vient, l’heure, quand la vie s’achemine vers sa fin, où, par éclairs, les extrêmes s’identifient : le mouvement vertigineux et l’immobilité sont le même. Le cercle de l’être s’achève. Les deux bouts disjoints se réintègrent. Et le serpent de l’éternité se mord la queue. On ne sait plus ce qui est l’avenir et ce qui est le passé, puisqu’il n’est plus commencement ni fin. Ce qu’on vivra, on l’a vécu.

Quand cette heure vient, il est grand temps de faire son paquet. Le paquet d’Annette était fait, lorsque passa le jeune fourrier, qui lui frayait le chemin. Une matinée du 26 juillet, le facteur lui apporta une enveloppe, sur laquelle s’envolait la grande écriture de Silvio. Il y avait dedans ces mots :

— « Louange à Sainte-Anne, afin qu’elle loue le Seigneur ! »

Et au dessous :

— « Benedica suo figliuol’, ô gran Madré ! »

( « Ô grande Mère, bénis ton fils ! » )
avec une boucle de ses cheveux.

C’était en effet le jour de la Sainte-Anne. Nul n’y songeait dans la maison, déshabituée des panthéons ; mais la cloche italienne réveilla dans la mémoire