Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/596

Cette page n’a pas encore été corrigée


Une autre lignée, mais plus trouble, lui fut révélée, en ces jours. Elle reçut la visite de Bernadette. Les relations des deux femmes avaient toujours été froides et distantes. Elles ne s’étaient fréquentées, pendant un temps, qu’à cause de Sylvie. Et depuis la brouille de Sylvie avec sa fille adoptive, elles n’avaient plus cherché à se voir. Si de la brouille Bernadette avait ressenti chagrin ou dépit, elle n’en avait rien fait connaître ; elle poussa l’impénétrabilité, jusqu’à ne pas écrire, après la mort de Sylvie, un mot de condoléances à Annette. Annette ne l’avait pas oublié. Sans avoir su ce qui s’était passé entre son fils et cette femme, elle concevait pour Bernadette une secrète antipathie.

De son côté, Bernadette n’avait jamais manifesté le moindre intérêt pour Annette. Même dans ses rapports avec Marc, Annette était demeurée en dehors de son chemin ; Annette ne pouvait lui être utile. La fille froide et calculée, jusque dans ses folies du ventre ou du cerveau, comptait pour rien ce dont elle n’avait rien à faire… Pourquoi donc vient-elle aujourd’hui ? Les deux femmes sont en présence. Annette, de velours, mais un peu rêche — (l’œil s’y tromperait,