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sévèrement. Waldo fronce les sourcils et examine, de la tête aux pieds, avec méfiance, ce demi-frère, qui serait plutôt un frère et demi, car il a le double d’âge : son front se plisse ; il fait effort, mais sans succès, pour comprendre. Vania a compris ; il sait à quoi s’en tenir sur les enfants de sa mère ; il a son sourire un peu protecteur, gentil tout de même, qui a plus d’une fois mortifié sa mère, et qui mortifie le garçonnet. Il croit de son devoir d’être aimable et de faire les honneurs de la maison ; peu s’en faudrait qu’il ne fît à Waldo les honneurs de sa propre mère : car cette mère est à lui, s’il voulait bien la réclamer ; il est le fils aîné. Mais il consent à la prêter. Et même, il affecte de s’en désintéresser…

— « Je m’en suis passé… »

(Ce n’est pas vrai. Elle n’a cessé de l’occuper. Mais personne n’en saura rien.)

Waldo conçoit pour lui une forte animosité. Les poings lui brûlent dans ses poches. Ils finissent par en sortir impétueusement. Au détour d’une allée dans les bois, quand nul regard ne peut plus suivre les deux gamins, le petit rouquin, sans aucun prétexte, se rue sur le grand et le martèle de ses poings durs et rageurs… Pan pan pan pan !… Les pectoraux de Vanneau, qui encaisse, sont juste à hauteur de son nez. Vanneau, qui se tenait sur un pied, manque de tomber. Il se rattrape, et il maintient, ébahi, le petit bélier, qui à présent fonce à coups de tête contre son ventre ; comme il se baisse pour l’interpeller et que le petit crâne roux se relève, comme un maillet, il a le nez renfoncé. Il se fâche, cette fois, et il l’empoigne : Waldo a beau gigoter des quatre membres, en trois mouvements Vania l’étale sur le chemin, tout de son long ; et lui rivant ses pinces autour des deux poignets écartés, il lui immobilise les genoux, en s’asseyant des-